viernes, 20 de enero de 2012

Paul Éluard



Max Ernst, La puberté
SUS OJOS SIEMPRE PUROS

Días de lentitud, días de lluvia,
Días de espejos rotos y de cúspides perdidas,
Días de párpados cerrados al horizonte de los mares,
De horas parecidas, días de cautividad.

Mi espíritu, que brillaba aún sobre las hojas
Y las flores, mi espíritu está desnudo como el amor,
La olvidada aurora le hace bajas la cabeza
Y contemplar su cuerpo obediente y vacío.

Sin embargo, he visto los más bellos ojos del mundo,
Dioses de plata con zafiros en sus manos,
Verdaderos dioses, pájaros en la tierra
Y en el agua, los he visto.

Sus alas son las mías, nada existe
sino su vuelo que azota mi miseria,
Su vuelo de estrella y luz,
Su vuelo de tierra, su vuelo de piedra
En las olas de sus alas,

Mi pensamiento sostenido por la vida y la muerte.

PAUL ÉLUARD (1895-1952), Capital del dolor, Visor, 1973. Trad. de Eduardo de Bustos.

1 comentario:

Anónimo dijo...

Texto original del poema:

Leurs yeux toujours purs


Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité,

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l'eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière (1)
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort

PAUL ÉLUARD (1895-1952)